Ce shooting est sans aucun doute dans mon top 3 sur l’échelle émotionelle !

Lors de mon repérage, javais tout de suite remarqué ces toiles peintes sur le plateau. On les dirait tout droit sorties d’un vieil atelier de photographie ! Nul doute qu’elles feraient le fond parfait pour une série de portrait des acteurs.

Avec l’accord du régisseur, j’emprunte un bout du décors et monte mon studio dans la salle d’echauffement derrière le plateau.

Je décide de prendre des risques en utilisant mon bol beauté pour la première fois. C’est le plus petit modèle chez Elinchrom, il fait 44 cm de diametre. Ce type de modeleur s’utilise habituellement près du modèle, pour du portrait serré. Je décide toutefois de tester la bête un poil plus loin, pour du plan américain, voire du plein pied. Le risque, est d’avoir une lumière plus plate, et surtout plus dure…. Je gère donc mes ombres et leur dégradé avec une boite à lumière assez haute du côté opposé, orientée devant le modèle pour ne pas trop innonder le fond. Premiers tests…. Yess ! ça claque carrément sur ce fond, et le jeu de clair-obscure fonctionne très bien. J’ai de quoi affiner encore le rendu grace aux accessoires commandés avec le bnol beauté, une grille et une « chaussette » de diffusion, utilisés séparément ou ensemble,  pour adoucir la lumière et / ou la focaliser sur le visage et créer un vignettage sur le fond.

J’ ajuste la hauteur de ma source principale pour chaque comédien, de façon à placer les ombre idéalement sur leur visage. J’ai parfois des « heureux accidents », la source de débouchage des ombres ne se déclenche pas, mais confère au portrait un caractère encore plus dramatique.

portrait comédien

Les comédiens arrivent au compte goutte, Céline Mauge ouvre le bal, déjà imprégnée de la douceur de son personnage. J’ai l’impression d’avoir voyagé dans le temps … C’est surréaliste ! Premiers déclenchements, premières émotions, mon coeur palpite ! Je sens que cette série va être dingue…. 

Les coquelicots des tranchées, est une piece de Georges-Marie Jolidon,mise en scène par  de Xavier Lemaire. C’est une fresque familiale, qui se déroule durant la première guerre mondiale. Les costumes et les accessoires sont sublimes, d’une finesse incroyable.

L’adrénaline monte, chacun  s’enthousiasme, allant jusqu’à changer de costume pour passer une seconde fois devant l’objectif. La séance se termine par des photos de groupe, et des comédiens bondissants, pris au jeu de la séance photo.

« Viens voir c’est dingue » entends-je après avoir montré à Thibaud Pinson son portrait à l’arrière du boitier. Il faut dire qu’il donne des frissons, son regard est perçant.

Idem pour Sylvia, dans son costume d’infirmière, taché de sang…. On lit dans son regard toute l’horreur de la guerre. Comble du sort, de l’horreur il y en eut ce soir là, car nous étions le 13 novembre 2015, aux alentours de 20h, juste avant les attentats du Bataclan….